Le Stade Dieppois au CCC avec Marc Winkler

Bravo à Marc Winkler pour être arrivé au bout de la CCC, 101km et 6067m de dénivelé ! La CCC est une course organisée par UTMB, qui part de Courmayeur pour arriver à Chamonix.


Parti le samedi 30 août, il aura mis quasiment 24h à franchir la ligne d’arrivée. Le classement est de 1107è sur 2200 partis, et surtout Marc ne fait pas partie des 600 personnes qui ont abandonné. Même pris de maux de tête à cause du manque d’oxygène et de l’effort, usé par les incessantes montées et descentes, cassé par la nuit passée dehors, il n’a pas craqué. Il répond et raconte :


Tu peux nous raconter le début de ta course ?

Après 13km de course, comme prévu, j’ai découvert que je ne supportais pas l’altitude et le manque d’oxygène (mal de tête et pas de souffle), j’ai commencé à ralentir pour réussir à digérer puis dormir 15 minutes au 29è km. Une fois reparti j’ai géré pour faire la très longue descente de La Fouly qui s’est plutôt bien passée, mais avec la crainte de manger donc 20km à l’eau uniquement. 4 km de montée très rapide où je reprends quelques places. Un « repas » chaud qui fait du bien. Une sortie de ravito rapide, des bonnes sensations pour démarrer la nuit, une descente difficile dans les jambes et la tête, puis une montée vers La Giète qui démarre vite et bien, jusqu’au nouveau mal de tête! Je dors 15 minutes sur un rocher. Et je finis l’ascension au ralenti, une fois sorti du ravitaillement au sommet je fais une superbe descente, sur Trient. Probablement un peu rapide puisque je paye la descente et la nuit avancée. Je fais une nouvelle sieste. Qui me redonne beaucoup de force pour gravir « Les Steppes » malheureusement le début de la descente est compliqué avec les cuisses qui sont à la limite de tétaniser. Je marche un peu le temps que ça se revienne, une fin de descente qui se déroule parfaitement bien


Les 20 derniers km n’ont pas été trop difficiles ?

Non j’imaginais dans de la descente vers Vallorcine que j’aurais l’énergie pour faire les 20 derniers kilomètres à bloc. En fait, je suis dans les meilleures conditions pour entamer la mythique montée de la Flégère, un mental fort et l’information qu’un de mes amis avec qui je fais du trail depuis 5 ans est à 30 minutes devant moi. Je sors du ravitaillement de Vallorcine avec une foulée de marcheur nordique proche du 6km/h et plus de 50m de dénivelé au km, (dans ma tête pour rester concentré je me rappelle en boucle les conseils des séances d’entraînement fait avec eux). Je me lance dans la dernière montée en sachant que ça va durer plus d’une heure mais que c’est la dernière et que je voudrais surtout ne pas avoir de regrets, de ne pas avoir tous donné. Pour toujours relancer, je construis ma montée en allant chercher les concurrents devant moi un à un, sans jamais penser au dénivelé. Une fois le sommet atteint à la vue du ravitaillement j’ai les larmes et l’émotion qui me traversent, « je l’ai fait ». Sous la tente règne une ambiance très différente des autres, joyeuse et mélancolique. Dans la tête on sait que c’est la dernière, mais aussi que la descente est éprouvante parfois technique, parfois très rapide. 100 mètres après le ravito je ressens le besoin de faire des étirements des ischio-jambier qui me chauffent et des assouplissement des hanches, des genoux et des chevilles. Je me relève, recommence à trottiner puis courir, tout en étant concentré pour ne pas me blesser. La descente à été sur un bon rythme au global. Au pont métallique construit pour l’occasion j’ai de nouveau l’émotion qui monte! Plus aucune douleur pour courir le dernier kilomètre en 5′ avec de très nombreux inconnus qui applaudissent, vous félicitent par votre prénom. Je croise le regard heureux de mon père qui sourit, des copains qui crient. Et enfin la légendaire arche de Chamonix avec son tapis bleu pour finir un merveilleux périple et une expérience unique!



As-tu réussi à prendre du plaisir ? As-tu songé toi aussi à abandonner ?

Le plaisir, c’est ce qui fait la différence entre finisher ou pas. À chaque instant il y a des doutes et des choix à faire entre l’alimentation, l’hydratation, accélérer le rythme, prendre des risques dans des terrains accidentés, stopper pour mieux repartir, savoir quand il faut s’écouter ou pas. Et puis quand ça ne marche pas et que l’on ne trouve pas la solution, il faut trouver la force chez les autres. L’ultra trail n’est pas un sport individuel, quand je cours je pense énormément à mes enfants pour lesquels je veux être un exemple. Et aux sacrifices des 3 derniers mois, de ma famille, de l’ensemble des efforts de mon épouse et de ses soutiens. Entraînement, planification, nourriture, les moments de fatigue. Je ne cours plus avec le chrono pour objectif, il y a tellement de paramètres qui rentre en compte, par contre je recherche maintenant à chaque course de « maîtriser » mon corps pour rester « plus fort » que l’échec ou la défaillance, tout en étant compétitif. En conclusion oui, je n’ai pris que du plaisir, à chaque instant !

Du coup je n’ai jamais pensé à abandonner au cours de la CCC.


Et comment te sens-tu quelques jours après la course ?

Aujourd’hui encore et depuis mon arrivée, j’ai la sensation d’un décalage horaire et je suis un peu fatigué. Dimanche dans la journée j’ai eu des courbatures dans les quadriceps, les triceps (ça parle aux marcheurs nordique 😅). J’ai un peu de déception du chrono final, et de la place (même si j’attends avec impatience mon nouvel index UTMB, j’espère au dessus des 500) je suis au contraire content de n’être qu’à 30 minutes de Stéphane RENOULT.


Avatar de Nelson Feyeux